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littératurisme

21 mars 2006

lettre � un ami

Mon cher Philipe Le 13 d�cembre. 2005 Tu excuseras la pr�cipitation de l�envoi que je te fais parvenir. Vois-y l�envie monstre de vouloir te transmettre le plus rapidement possible les pages de Possessio. Je joins � cette lettre diverses sucreries� Le recueil inachev� pungere des phrases ou j�en suis arr�t� � la 388e. Mes histoires pour enfants (Belz�bul, perle de la pluie). Ce que je te transmets n�est sans doute pas corrig� comme il le faudrait, mais je br�le de t�envoyer tout le manuscrit. Il y a au d�but du chapitre XII une parodie de la c�ne du Da Vinci Code de Dan Brown. Le nom de VIXI pourrait �tre confondu avec ce livre au combien c�l�bre � pr�sent, c�est pour cela que dans Possessio je fais la part belle � l�imaginaire sur tout un d�but de chapitre. La fin de Possessio est une sc�ne de sexe, ou l�abandon dans le corps n�est pas la perdition dans la toile. Cette sc�ne ne fut pas dure � r�aliser, mais il fallait que je puisse assumer ce choix � fictionnel �. Ce n�est pas difficile de parler d�amour et je crois assez bien y r�ussir, mais la sexualit� est pour moi quelquefois compliqu� � � jouer �. Tu remarqueras que les deux manuscrits VIXI et Possessio finissent tous deux par une sc�ne de sexe, mais si VIXI se finit sur un manque de plaisir Possessio lui se termine sur une note d�espoir. Oui, il a chang�, mon h�ro a brusquement d�cid� de ne plus vivre comme auparavant et d�s � pr�sent, il aime non � la toile � mais son � �toile �. La premi�re femme pour laquelle il a eu � sentiments �. On peut dire que ce livre est assez r�ussi m�me si quelquefois je me suis lass� de le poursuivre. Par ce que le finir pourquoi, pour mon publique, mon plaisir, ta lecture, l�oreille un peu grise de mes amies au cours de ses soir�es ou notre monde bois et ne se rend pas compte que la terre tourne. Je pense qu�il m�aurait �t� plus facile de l�achever si je savais que dans les inconnus qui passent je n�ai pas forc�ment un lectorat, mais la vente d�un de mes livres me permet de rentrer dans la statistique des ventes possibles. J�en ai cure de me faire plaisir, je suis gourmet et cela ne me suffit gu�re de me dire que je donne des coups dans le vide, si maintenant je ne sens pas de r�sistance � mes coups. Je voudrais taper dans un tronc, sur du m�tal, dans l�eau dans l�air, mais non plus dans le vide. Alors oui, je peux bien attendre encore, parce qu�il le faut et que cela fait partie de l�entra�nement du fantassin de papiers. Et je sais qu�il faut marcher avant de pouvoir courir. Mais c�est triste d��tre terrien quand on veut l�azur et le vol. Je ne suis qu�un oiseau amn�sique qui sait (ou du moins qui pense) qu�un jour je me souviendrai de comment battre des ailes. Mais les r�miges sans le vol ne servent � rien, une voiture ne se suffit pas de deux roues. J�ai du temps, c�est vrai, et puis il y a l�incertain de la publication. Mais je m�en veux de mon manque de patience. Je crois cependant que je m�rite la r�ussite dans cette affaire. Je me dis que je peux moi aussi briller juste assez comme une luciole, une luciole dans une roseraie, un groupe de luciole � la file indienne sur les corolles des roses, une guirlande timide sur les corolles des roses. Et je me vois en luciole, je me sais �tre luciole et je ne veux plus de la brillance de la lune, je veux briller et que l�on dise de moi c�est une luciole, comme on dit il est �crivain, parce que je brille ou que ce que je vis brille ou ce que je fais �tincelle. Mais n�est point peur je ne suis pas une fus�e de d�tresse, je ne perdrai pas lumi�re si vite. Car les hommes doivent �tre des phares, et guident leurs contemporains sur la cote pour �viter les r�cifs ou pour �clairer jusqu�au port� Alors je te d�dicace ce manuscrit (puis le livre). La d�dicace est � � mon ami lointain �, tu es mon ami, tu es mon p�re, peut �tre un grand fr�re� et tu es lointain, parce que m�me si nous ne parlons aussi souvent que nous le voulons tu reste l�-bas, dans ton monde, toi aussi un des phares de la capitale, toi aussi � ta mani�re tu brilles et toi aussi tu me guide, m ��paule, me supportes et crois en moi. Je ne sais pas si un jour on t�a d�dicac� un livre, mais je le fais, et toi seul � mes yeux peux savoir la somme de travail de chances, d�accidents de contournements, de ruses et d�accompagnement dont cela peut �tre. Toi seul y verra la valeur, la qualit�, l�invention, l�imaginaire. Un livre c�est un peu des images et pour parler de peinture (vu que c�est le th�me de Possessio) chaque mot est un trait, chaque lettre un morceau du trait qui d�finit la vraisemblance de l�ensemble offert � la vue. Je me disais l�autre jour que j�aurai voulu peindre, mais je trouve � pr�sent que le jeu des mots et comme le tiraillement de l�usage de la couleur, et que ce que construit l��crivain et le peintre sont en tout point semblables. Amiti� reconduite et ind�fectible Benoit
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21 mars 2006

3 eme roman

Chapitre 3 Elle dormit toute l’après midi. Elle dormit comme elle n’avait pas l’habitude de le faire. Elle dormit pour oublier, pour effacer ce que fut sa vie, sa vie depuis la mort de Drew.. Anna paraissa dans les couvertures, elle les ramena pour qu’elle touche son cou, elle ramena, les tira comme quand il fait froid, quant on croit que le tissu protège, quant on se laisse animer par l’envie d’être douillettement prise par la chaleur de la laine. Anna, ferma les yeux, elle se rappela la promenade, la promenade l’accompagna jusqu'à ce que le souffle change, jusqu'à la respiration calme, calme et lente après la veille, quand on est loin, quant on dort. Elle rêva de ce futur, pas un futur rose bonbon, un futur d’enfant, mais un futur de femme, de femme qui espérait le changement. Anna ne voulait pas tout bouleverser dans sa vie, mais elle voulait le changement, pas le changement qui détruit pour reconstruire, mais le changement qui accompagne la base de la vie. Anna était loin, elle était à la terrasse d’un café, elle était à Paris. C’était un café, ce devait être le café des artistes. Elle était heureuse dans ce rêve, heureuse parce qu’elle était jeune, heureuse parce que même si elle ne connaissait pas le lieu où elle se trouvait, elle avait l’impression, comme si le conscient régissait l’inconscience, elle avait l’impression que le café était dans sa toute vraisemblance, que les vêtements des personnes présentes, que le décor, que les voix, que tout était plausible. C’était un lieu agréable, où des tables, de longues tables étaient accolées, c’était un endroit où les hommes se retrouvaient, où on parlaient poésie, où l’on contraignaient les mots jusqu'à leur donner cette folle présence jusqu'à les casser pour que le sens deviennent concis et tranchant, dans le but de toucher l’auditoire, de le toucher et de lui parler. Anna attendait un peu en retrait, elle écoutait ce que les gens disaient, elle remarquait la coquetterie de certains boutons, elle observait le jeu des auriculaires qui se lèvent et les tasses qui viennent aux lèvres. Ils parlaient tous autour d’un jeune homme au regard triste, et quant celui-ci parlait, c’était comme si des fleurs sortaient de sa bouche, il avait le don d’encenser la phrase, et il semblait que tout ce qui vint de lui se changea en or. Anna regardait le jeune homme, pensait à ses cheveux ébouriffés, pensait à ce que pouvait avoir fait un tel regard. Anna restait la à boire dans un petit verre une liqueur liquoreuse, a tenir de son autre bras un petit sac de toile chamarré. Elle était en retrait, mais les rêves ne permettent que l’on s’en rend maître que dans certaines conditions, et le temps absolu où elle pus y vivre selon son vouloir était passé. À présent, elle était là, ne pouvait plus rien faire, elle était comme figé, comme un marbre posé, poli pour lui donné la forme d’une femme, un marbre comme une pierre, une pierre sans possible mouvement, l’arrêt photographique du minéral. Elle ne pouvait plus se mouvoir, elle ne pouvait plus même faire le plus auguste des mouvements, elle ne pouvait plus faire, et elle qui aurait aimer dans ce rêve (parce qu’aimer l’image d’un rêve c’est néanmoins être fidèle à celui qu’on laisse au dehors de la barrière qu’est le songe). Elle qui aurait voulu tenir dans ses bras le jeune homme triste, elle qui aurait aimer lui parler comme une mère, en pensant que la jeunesse se doit aux caresses, que la jeunesse est l’âge le plus ingrat de la vie, que la jeunesse, c’est la découverte des bleues et des ecchymoses et que l’on est pas toujours près à découvrir seul ce qui régit l’homme est le monde. Mais elle ne pouvait plus bouger, alors elle rêvait, elle rêvait dans le rêve. Elle sur-rêvait, elle rêvait de rêver qu’elle était dans ce même café, mais qu’elle pouvait bouger, et qu’elle prenait dans ses bras ce jeune homme habillé de noir. Anna avançait entre les tables, comme une ombre, elle traversait les corps, elle prenait le jeune noir dans ses bras, ce n’était plus un jeune homme, elle regardait l’escalier, elle montait l’escalier, elle comptait les marches. Il n’était plus jeune, elle non plus d’ailleurs, il n’était plus environné d’autres personnes, il regardait dans le vague, il était toujours triste, il était dans cette chambre, une chambre haute, au plafond bas, une mansarde sans confort, au dernier étage du café. Anna s’approcha de lui, elle le prit contre elle, elle lui caressa les cheveux, ses cheveux droits, plus ébouriffés comme avant moins sauvage, presque plaqués. Elle lui parla, puis redevint statue, elle devint pierre et se réveilla. Il devait être minuit, la pluie tombait ardemment, elle se prenait au jeu de mouiller tout ce qu’Anna voyait par la fenêtre, elle noyait les petites rigoles du jardin, elle transformait le sol et des petits puits d’eau s’accrochaient aux endroits où Anna avait planté des tuteurs. Anna redescendit, elle avait dormit toute l’après midi, avait prolongé son rêve jusqu’au milieu de la nuit. Elle descendit pensant que son chat s’était endormit près du fourneau, elle redescendit sachant que le sommeil reviendrait, mais qu’il fallait qu’il se repose pour revenir la prendre et peut être continuer ce rêve, et pour savoir comment se nommai le jeune homme noire. La clarté du foyer, qui perçait par l’ouverture du haut du fourneau, formait une auréole pale que nourrissait le feu. La cuisine était bercée par la paix. Au loin, on entendait les grondements d’un orage, mais plus loin, au-delà de la forêt, là où commencent la vraie montagne. Anna prit une bûchette, elle ouvrit avec le petit pieu de métal le rond de la cuisinière, une flamme attisée par l’adustion de l’air monta jusqu'à mi hauteur. Elle déposa une bûchette, elle fit chauffer de l’eau, sur la cuisinière en fonte, attendit qu’elle soit chaude. Elle prit la bouilloire, elle versa de l’eau chaude sur un peu de sucre et bu sa tasse d’un trait. L’eau lui brûla le palais. Le chat quant à lui dormait paisiblement près des rideaux de la salle, dans l’environnement des meubles. Il étendait ses pattes dans un demi sommeil, sortait ses griffes, miaulait légèrement puis somnolait plus fermement. Anna remonta se coucher, mais elle ne pus pas dormir, elle n’était pas habituée à tant de sommeil. C’était comme si le sommeil fatigué lui aussi avait donné le lot d’heures qu’Anna pouvait supporter, c’était comme si pour la préserver, il ne voulait plus qu’elle dort. Anna essaya de lire, mais elle n’y arriva pas. Elle décida de ranger ses affaires, de le faire en attente du sommeil, en imaginant, que bien vite, elle sera fatiguée, que ses yeux papillonneraient, qu’elle se mettrait sur son lit, et que sans attendre, elle retournerait parler avec l’homme. Anna ouvrit d’abord le placard des linges, elle regarda la minutie du travail, la qualité du point, elle remarqua aussi les belles lettres lacées de la nappe que sa mère avait brodé. Elle pensa à sa mère, elle se rappela les fêtes ou sur cette même nappe, tous les amis attablés buvaient, insouciant de la vie, insouciants et heureux. Elle se rappela la tarte aux pommes, les assiettes blanches, les verres nets, les fourchettes qui se lance dans l’attaque de la tarte, les bouchées qui s’immobilisent dans la conversation. Elle revoyait la bouteille posée sur la table, elle se rappelait les goûts de chacun, les conversations lassantes, qui ne le sont plus quand chacun retourne chez soi. Elle avançait, se disait qu’elle allait faire du tri, se reprit à penser en se disant que tel linge ferait tel torchon, en pensant que tel vêtement pourrait être raccommodé. Anna fouillait dans ses vêtements, s’arrêtait, sortait une robe, une veste, l’essayait tristement devant le miroir, en songeant qu’elle ne pouvait plus entrer dans ce vêtement. Et y songer, c’était se dire que le corps n’est plus pareil, et s’il n’est plus pareil c’est parce que l’on vieillit. Anna fouilla quelque temps, elle ouvrit les boîtes, essaya d’autres chapeaux. Chaque vêtement était propice à l’évasion, à quitter la chambre, a entrer dans le souvenir, comme si on poussait une porte, et que derrière, il y avait rangé dans ce grand champ, tous les événements important d’une vie. Anna sortit, déballa, remballa, choisis, songea à s’offrir de nouvelles robes, pensa que son maris ne la conseillait guère. Et comme si tout ce passé l’avait éreinté, une fois après avoir tout remis en ordre, elle se posa sur le lit, elle pensa que faire pour changer sa vie, elle le pensa et retomba dans le sommeil, elle repartit au près du jeune homme. Elle essaya de lui parler, mais face à elle, ce n’était plus le jeune homme, mais c’était elle. Elle était jeune, elle avait le regard triste, elle était elle dans le rêve, elle de maintenant, elle a la coiffe grise, face à ce elle d’antan. Elle restait, à attendre qu’elle ce change en jeune homme, en un jeune homme triste, aux yeux profonds. Elle dormit tout son lot, toute la nuit dans son songe, elle attendit que sa représentation se change en ce jeune homme qu’elle espérait, mais il n’en fut rien. Elle resta le temps de la nuit au-près d’elle, sans trop se poser de questions. Elle dormit longuement, plus qu’a l’accoutumé, comme si elle rattrapait toutes les heures de la vie ou elle voulut dormir, ou elle ne pu le faire. Elle dormit, jusqu’au matin, elle rêva face à elle, elle attendit l’homme. Au matin, elle descendit au jardin. Il n’y avait pas grand-chose à faire, mais sans savoir, elle avait besoin d’y retourner. Le jardin, c’était comme la forêt, cette forêt où elle aimait aller se promener, ce lieu ou elle se ressourçait. Le potager, la verrière, c’était des forêts en plus petit, des microsomes semblables, plein de vie et d’accord. Elle marcha entre les ramures montantes et mortes des tomates , elle regarda le jardin dans tout son étendu. Elle s’approcha des plants de tomates, et là ou la terre avait laisser l’espace important a son aération, et ou se formaient des canaux gorgées, elle plongea sa main dans la terre. Elle la laissa dans l’eau boueuse. C’était comme quant elle était enfant, c’était l’heure des cochons, le jour sans école, le jour ou l’on peut se salir. C’était quant elle savait qu’elle pourrait faire semblant et tomber dans la boue, tomber et patauger sans que personne n’ai quelque chose à redire. C’était ses jours plus bénis que d’autres jours, et ces flaques, ces flaques longues et plates qui reflétaient les visages, et qui ressemblaient aux formes, aux mêmes formes que l’on peut tirer des nuages. C’était prendre de l’élan et dans sa course éclabousser les alentours de la flaque. C’était se mettre à l’abri de la grange, les cheveux mouillés, la robe mouillée et regarder les gouttes qui tombent, avec en souvenir ce jour ou son père, moqueur et complice lui dit de passer au travers. C’était imaginer qu’elle passait au travers, mais c’était penser à son jeune âge qu’elle était plus forte que la nature, et si elle ne le pensait pas, c’était un de ses moments, un de ces instants ou l’on sent que l’on touche à l’admirable d’un raisonnement, mais qu’il manque la petite pièce qui nous permettrait de l’exprimer. Anna restait la main en terre, son chat sortit par la chatière, il se laîcha les babines, s’étendit de toute sa longueur, tourna légèrement la tête et rentra. Anna resta seule, quelques minutes encore, elle regarda le jardin, elle se dit qu’au printemps elle aurait beaucoup de travail, elle pensa que dans un mois se serait la venue au monde du sauveur. Elle se dit qu’il devrait être appelé autrement, elle se le dit, mais le garda au fond d’elle de peur que dieu s’il existait ne l’entende et ne lui envoi je ne sais quelle chose pour essayer de la tenter. Anna regardait toujours le jardin, il faisait froid, plus froid que les autres jours. C’était bien l’hiver, et selon elle, il faudrait peu pour que la neige tombe. Elle tressailli de tout son corps, un filet de vent vicieux venait de passer outre son écharpe et l’avait piqué, comme une brûlure, quand la chaleur ne permet pas de dire si l’on est glacer ou brûler. Anna remit son écharpe, pour que plus rien ne puisse la tirer de son plaisir. Elle contemplait avec amour son jardin, dans ses yeux, le respect de la nature, de la nature sous toute ses formes. Elle sortit sa main de terre, alla en direction de la verrière, elle sortit trois pots, repiqua des plants de fleurs, mis de la paille autour pour les protéger du froid, elle regarda toutes les merveilles de sa serre, et vérifia en parlant à haute voix que les fleurs et les légumes se sentaient bien, puis elle partit à la maison. La pluie forcissait, le vent lançait les petits plants de tomates, les bousculaient, les jetaient de droite à gauche, sans nulle honte et comme si le vent suivait la musique de Bessie Smith ; comme s’il entendait qu’Anna à présent lisait, seul dans le grand salon en écoutant Down hearted blues. Anna effectivement lisait, la lecture, quand personne ne venait la troubler était son activité favorite. Elle aurait voulu s’acheter des livres quand elle allait à Boise, mais bien souvent, elle se rendait compte de son oubli sur le chemin du retour. Elle ne lisait pas, elle relisait, en croyant que plusieurs lectures (à défaut de nouvelles), que plusieurs lectures lui feraient apparaître des petites précision cachés, qui pour elle n’apparaissait qu’en lisant et relisant sans cesse. Il pleuvait toujours, de fines gouttes se laissaient porter par les branches des arbres cuits par le froid, qui seul leur permettait de se poser, et de se retenir, avant l’amusement de la chute, et le contact du sol. La pluie pour Anna, c’était les larmes du monde, et quelquefois, voulant pleurer mais n’y arrivant pas, elle aura voulu qu’il pleuve, elle aurait aimé ce petit déluge retenu qu’est l’averse. Anna ne pleurait pas, peut être étais-ce parce que depuis l’enfance, elle ne vit jamais son père pleurer. Peut-être voulait elle lui ressembler, être fière d’être comme cet homme qu’elle aimait tant, rester femme en lui ressemblant. Anna passa toute sa matinée au salon, la pluie ne s’arrêta que vers les cinq heures de l’après midi. À l’heure ou il commençait à faire sombre, à l’heure ou il arriva. Une ombre sombre étendait sa taille contre le panneau du motel. Anna descendit, alerte vers le bureau des admissions. L’homme, (Anna ne pouvait lui donner d’âge), était grand, il devait mesurer un mètre quatre-vingt, peu être un peu moins. Il avait une stature indécise, il faisait nuit, mais Anna cru distinguer un visage carré, un long cou. Il attendait près du bureau, un chapeau mou sur la tête, son sac dans ses bras. Un large sac de cuir, qui devait contenir ses affaires de voyages. Anna ne vit pas d’automobile, elle en conclu qu’il avait dû venir à pied, ce qui expliquait pourquoi il était trempé comme une soupe. C’est Anna qui lui parla en premier. - Voulez-vous une chambre ? - Oui. - C’est que vous avez de la chance il y a peu de personnes à cette saison, aux autres d’ailleurs. - J’ai eu du mal à venir jusqu’ici. - Avez-vous une préférence ? - Non, donnez moi celle que vous voulez. - Bien, chambre… deux. Cela vous va-t-il ? - Oui, parfait. - Voulez-vous dîner ? - Oui, merci. - Vous viendrez à la maison, comme je vous le disais, si peu de personnes viennent, ce n’est pas comme avant, vous viendrez manger à la maison, se sera plus commode. - A quelle heure ? - Je pensais manger comme a mon habitude vers dix-neuf heures. - Cela me convient parfaitement. - Bien, puis-je prendre votre nom. - Pour ? - Pour le livre des entrées, j’ai mes habitudes. - Oh, oui, bien sure. Je me nome Nicolas Dufal - Bien, monsieur Dufal, je vous attends chez moi à Dix-neuf heures. - A tout à l’heure alors. Nicolas entra dans la chambre numéros deux pendant qu’Anna, toute heureuse rentra chez elle préparer le dîner. C’était le premier client qui s’arrêtait ici depuis de longs mois, et pour lui, pour le motel, elle voulait que le service soit le plus parfait qui soit. Elle fit grand cas de la décoration de la table, elle mit une belle nappe blanche, elle sortit ses beaux couverts, et disposa les assiettes, les couteaux et les fourchettes avec une totale maîtrise des lois de la symétrie banale. Elle mit sa viande au four, elle coupa un petit oignon, elle fit la sauce de la salade, elle coupa le pain, elle le mit dans une petite panière. Elle sortit le dessous-de-plat canné, elle le mit au centre de la table. Elle alla à la cave, remplit un pichet de vin, sortit deux beaux verres, qu’elle mit au centre et face aux deux assiettes. Nicolas en attendant, entré dans sa chambre, mit son lourd sac sur la chaise, face au lit, il sortit un à un tous ses vêtements, il prit une douche, il changea ses affaires, et sortit sous le porche. La nuit baignait le motel, toujours et seul, le panneau grésillait. Il illuminait ce que ses ampoules permettaient, éclairait comme un petit insecte comme l’aurait fait une petite luciole. Le temps s’améliorait, Anna savait bien que si les pluies étaient fortes à cette époque, elles ne duraient guère que quelques heures. Anna savait bien que demain, d’après ses prévisions, il ferait beau. A dix-neuf heures, L’homme sonna à la porte. Anna vint lui ouvrir, elle l’accompagna dans la cuisine. Il se plaça face à elle. Ils commencèrent à souper. Ils ne parlèrent que peu, d’ailleurs ils ne parlèrent presque pas, ils mangèrent en silence. Anna lui servit du vin, il reprit deux fois de la viande. Il la complimenta, puis, prétextant la fatigue, il rentra dans sa chambre, laissant Anna seul.
21 mars 2006

Amicitias 4 eme roman

Chapitre I |Un vent frais soufflait sur les palmes humides des fleurs hautes. Je buvais mon thé en regardant le loin. De la demeure aucun son ne perçait. Comme si la domesticité avait abandonné les murs de la villa, et m’avait laissé là : un vieil homme seul, qui repensait à sa femme, à ma triste épouse disparue… Avant, notre demeure se laissait dévaster par les rires en cascades et la joie brute et communicative d’un quotidien heureux. Nous vînmes aux Indes en dix-huit cent trente , nous quittâmes le royaume et nous installâmes dans la province de l’Uttar Pradesh ou l’Angleterre avait ses intérêts à défendre . Comme bon gentleman je n’étais pas de ceux qui pensaient que le règne se tient par les baïonnettes et les canons, et la reine Victoria reconnut en mes divers écrits l’œuvre simple et raisonnée d’un homme de labeur si bien qu’elle se décida à me nommer aux Indes. Après avoir brillé dans les salons londoniens, nous quittâmes notre bon comté du Stafford shire et le manoir. Nous fîmes nos bagages, réglâmes les affaires nécessitantes de l’urgence et nous primes le bateau pour Calcutta. De là nous allâmes à Beranes ou nous vécûmes dix douces années. Ma femme, mon triste manque, la souveraine de ce besoin ancien ne pu être guéri par les médecins que nous fîmes venir à son chevet. Une fluxion de poitrine l’emporta peu après son anniversaire. Depuis je vivais ainsi dans cette résidence que nous avions fait bâtir, dans ce foyer qui ne du connaître que la joie, un corps qui de toute évidence n’étais pas construit pour la solitude de ma personne. Les domestiques étais partis à la ville, le jardin se laissait tremper par une mousson rafraîchissante qui projetait aux endroits où ricochaient les gouttes des petites particules d’eau vaporisées qui parvenaient à mon visage. Le calme de cette matinée était devenue le rassis des autres jours, la paix et la tranquillité étaient propices à l’ennui, et la monotonie parlait à mon âge avancé. Je passais mes jours entiers assis à mon bureau. On m’envoyait encore des dossiers à résoudre pour le compte de compagnies britanniques , mais ces politesses consenties signe de mon ancien office étaient peu régulière et compliquées. Je n’avais que des papiers à signer, de petites médiations à conclure et je ne me perdais pas dans ces taches simples et anecdotiques (salaires de ce temps jadis ou j’étais le grand officier du comptoir de Bénarès ). J’avais dont tous le temps pour me lancer à corps perdu dans la rédaction d’un traité sur le « bien écrire » que j’avais commencé six ans plutôt et que par soucis du bien je voulais corriger encore. Comme si à chaque relecture j’étais conscient qu’il manquait un aspect cinglant qui pu m’aider sinon à aboutir du moins à parfaire le manuscrit que je me forçais à finir. Pendant la saison des moussons et plus encore à la fin de l’été, tout Bénarès et inondé, seul le cheval permet d’avancer dans les rues de la ville. Les précipitations tardives se déversent comme des tristesses divines et noient les champs et les cultures. C’est une saison pour les Indiens propice au contentement. Ce peuple aime plus que tous ces phénomènes que nous autres européens ne comprenons pas. Mais je suis du parti de croire qu’à vivre loin de ses racines ont s’approri les coutumes et les modes de vie des endroits où nouvellement on réside. C’est donc pour moi comme pour ses milliers d’hommes de femmes de vieillards et d’enfants une époque plaisante et j’aime à mêler au cartésianisme de cet état climatique la magie que devrait revétir toute chose. Le jardin trempé par le sourd bruit du silence se laisse frapper par les cris stridents des oiseaux qui volent et se posent sur le faix des arbres. L’allée qui mène au corps principal et inondée et des flaques redessinent par de petits continents humides la carte d’un monde imaginaire qui s’éprend de la force de l’averse. Je bois mon thé , ce n’est pas l’heure de le boire, mais je ne suis de ceux qui font ce qu’il est bon de faire en tous les temps. Je repose ma tasse, je regarde encore au-dehors, mais le filet d’eau qui choit et file du haut de la sous-pente occulte d’un rideau de pluie la vue que je me fais de la nature. La propriété fut dessinée par un Italien sur le modèle de mon cher parc de Kesington. La différence est dans les essences que l’on y rencontre, le paysagiste du adapté sa création à la chaleur et à la fréquence des précipitations. Quoi qu’il en soit pour tout amoureux de la botanique on y trouve une quantité de préciosité de la flore, ou l’invreaissemblance des formes se mêle avec délicatesse et une finesse toute féminine aux couleurs si tranchées de ces latitudes. J’aime à me promener dans ce jardin, j’y trouve le réconfort, à chaque fleur croisée j’ai souvenance que ce fut ma tendre femme qui choisit les variétés et les arbres que nous fîmes planter. Nous sommes le samedi et à même le sol est sur des tentures de fortunes les agriculteurs de la région vendront des fruits sucrés et doux et à l’heure du repos, les effluves de ses fruits mûrissant viendront jusqu'à mon âme l’entourée de sucre et de miel. Car les rêves dans les pays lointains ne sont pas de la même sorte que les rêveries grisées et brumeuses des cités de la vielle Europe. Et si parfois le regret des paysages de mon enfance se joint à ma mémoire et me fait songer à ces vertes prairies aux moutons qui paissent les brindilles des arbustes des landes, j’ai cependant trouvé ici une autre nature, une lumière différente un air aux odeurs de safrans et de mangues qui tout en ne me faisant pas oublier mes racines adoucissent mes jours anciens. Les parfums de la jungle au matin, sans l’éclat du soleil ou la splendeur de la tranquille clarté de l’aube naissante et ce sont mille cocasseries qui s’offrent au nez et qui dansent et se lie à la pudeur des fleurs de nuits. La chaleur torréfie les fragrances des extravagantes orchidées et les calices rouges des plants de grenadiers peignent et suivent les senteurs subtiles qui se perdent dans les détours qu’offre l’enchevêtrement des forets humides. J’affectionnais avec mon épouse aller nous oublier dans la jungle, nous partions souvent accompagner, mais notre guide n’était en présence qu’au cas où un danger certain aurait pu remettre en cause les effets de la liberté que l’on croit ascendante au naturel. Et souvent Lucile et moi après avoir mangé nous marchions doucement dans les hautes herbes pour observer les grosses sauterelles vertes qui sautaient sans connaissance de vertige de brins en brins. En ces lieux, nous nous sentions maître d’une destiné où nous aurions pu être le bon sauvage de Crusoe. Les pics niques et les promenades étaient pour moi la possibilité de collecter des espèces qui compléteraient mes recherches entomologiques et botaniques. Une fois rentrée à notre demeure je laissais Lucile à ses activités de dame et je partais m’enfermer dans cette salle que j’avais voulu grande pour y contenir la connaissance hésitante que je me faisais de mes visites hors de notre domaine. Dans de petites boîtes numérotées et classées des insectes piqués sur du taffetas brun. C’était là ma collection, elle prenait tout un pan de mur, et sur l’autre partie de la salle une immense bibliothèque ou se trouvait mes livres de prédilections s’étendait sur la hauteur de deux étages. C’est le souvent et l’habitude qui fit que cette salle devint mon bureau, l’antre ou ployé sur mes feuilles je réglais et solutionnais les problèmes que l’écriture par facétie me posait. Il arrivait lorsque je ne trouvais pas l’inspiration de rester des jours entiers pliés sur la table de mon ouvrage. Je ne sortais que pour souper, embrasser ma tendre Lucile, et je repartais aussi tôt le repas fini à mes chères études. J’avais un lectorat, des impatients de me lire à Londres surtout, et je voulais par ce travail particulier qu’ils puissent trouver autant de plaisir à la lecture de mes livres et traités que j’en eu à les écrire. Alors, dusses-je passer des jours entiers dans mon bureau, je lisais et relisais sans cesse mes nouvelles lignes, comme si à force de relecture je parvenais à comprendre le merveilleux dans le processus du créer. Lucile, ma chair, allait de tant en tant à la ville principalement aux boutiques pour se vêtir ou visiter l’une ou l’autre de ses amies. Il n’était pas rare qu’elle me dise que la mode des Indes était en retard sur la mode européenne, mais que toutes ici s’habillant à cette mode, la réinterprétait sans que jamais aucune femme n’eut pu en rougir. Parfois, des bateaux venus de France ou des ports hollandais ou portugais apportaient dans leurs Calles les tissus manquants à la garde-robe des belles galantes. Celles-ci partaient sur ce chef à Calcutta et sollicitaient la bonté de leur époux pour pouvoir acquérir le dernier chapeau ou la veste de chasse qui se portait dans le Sussex . Mais Lucile n’était pas de ces plaisirs de coquettes, et son port de tête et la couleur finement poudrée de blanc de son teint n’avaient d’égal face aux vétilles des autres. Nous vivions ainsi. Seul. Loin de la ville dans cette demeure de rang que nous avions fait bâtir. Un parc de deux mille acres environnait notre habitation et nous permettait le luxe du discret et de l’intime. La bâtisse principale, un corps gros fait de bois et de pierre cachaient des pièces spacieuses tournées pour la plupart sur le soleil du matin. Les chambres s’ouvraient à l’étage sur un long couloir blanc ou les tableaux de famille et les meubles de noyer et de chênes de part et d’autres du couloir se confiaient en grand. Seule pièce rapportée d’Angleterre une cheminée que je fis copier sur le modèle de celle de Kesington et où l’on pouvait lire ma devise « Toujours est plus encore que le jamais ». Mais depuis que Lucile me quitta, j’avais beau avec férocité me plonger dans l’étude des sciences et des écrits qui me passionnaient je n’arrivais pas à combler le manque de son absence… Voilà que dans un mois je partirai pour retourner au pays qui me vu naître. Car enfin après plus de vingt ans dans ces murs la lassitude vint me piquer. Et j’avais décidé de rentrer en Angleterre sans savoir si je reviendrais, tout en pensant que ce voyage et ce retour au pays calmerait ma tristesse et la cacherai à la vue de mon cœur. Je me suis levé fort tôt, s’éveiller avec la nature est c’est une complicité entre l’homme de bien et l’admirable. Je suis descendu après m’être vêtis, je me suis assis sous le toit de la sous-pente, j’ai bu mon thé en regardant comme hier le jardin, mais il ne pleuvait plus. Le soleil rougissait en douceur les frondaisons des acacias qui suivent l’allée et mènent jusqu’aux marches de la terrasse. Le temps était clair, la température agréable. Un domestique m’apporta un courrier. Je décachetais l’enveloppe, je prenais connaissance du contenu puis je reposais la lettre face contre la table. Je bus une seconde gorgée de mon thé en me souvenant d’une ode chinoise, un poème où à chaque gorgé le thé apportait temps de bienfaits, dans une forme de religion ou de mesure du goût et du triomphe qu’a la dernière gorgée on se sortait de boire suffisanté et l’on attirait la béatitude à soi la gardant précieusement dans un bonheur égoïste et prenant. Le thé venait de loin, les terroirs comme pour les vins donnent une typicité particulière gage de la terre qui porta les plants de théiers et les fit pousser dans un sol noir est sec comme un vent de plaine. Un ancien ami, voyageur, coureur de monde avait rapporté de Chine le goût philosophique du calme et du repos. Il m’avait convié dans le trépignement des sagesses des horizons lointains à la découverte merveilleuse des accidents du hasard. Il m’avait appris à louer les surprises de la vie à les prendre comme le seul pouvoir capable d’apporter à l’existence sa beauté si personnelle et singulière. Mes domestiques avaient commencé les paquets que je voulais envoyer par avance, c’était surtout des documents, non ceux en cours, je les gardais pour moi, c’était la richesse de mon travail présent. Ils enveloppaient des liasses de feuillets qu’ils mettaient dans de grosses malles de cuir. Je buvais mon thé, je regardais rêveusement le soleil, je reposais ma tasse. Je retournais dans ma chambre, je me mettais en tenue, je descendais le grand escalier en suivant de la main la rampe… Je sortis par la porte principale, on m’amena ma monture, je mis le pied à l’étrier, je m’installais sur la selle. Je fis un geste à ma domesticité et je partis. Il me fallut bien dix jours de routes et de nombreux arrêts pour arriver le jour dit au lieu de rendez-vous que m’avait fixé lord d’Alhousie. Lorsque je fus rendu j’aperçus sous une tente blanche un magnifique Anglo-arabe de pur-sang, une bête puissante toute de muscle au col large et fort, aux pattes blanches, aux sabots huilés. Lord d'Alhousie vint à ma rencontre… - Mon cher quelle bête splendide ! - N’est-il pas, c’est un souvenir que je me fis par un de mes amis qui ne sachant que faire pour me remercier d’une affaire ou je l’avais aidé à conclure me ramena ce superbe animal du cadre noir de Saumur. - Je suis heureux d’être avec vous mon cher, il me tardait de venir vous retrouver, non que je ne suis de ceux que la chasse attire… - Vous êtes un sentimental Kesington, vous accorder tant de prix à la nature. - C’est vrai mon cher ami je ne suis de ceux qui apprécient la course et la chasse. Déjà dans le Norshire … - Vous ne nous accompagniez pas lorsque nous faisions chasse à court. Le tout venant n’est cependant pas de votre conseil. - Mon conseil voyez vous ne compte que dans ce que je peux produire, je ne suis pas un adepte des mots vous le savez bien. - Et cependant vous touchez mieux que je ne tire lorsque vous voulez défendre ce qui vous tiens. - Grâce, grâce que de compliments cher Lord. - Mais votre père ne vous a-t-il pas enseigner l’art de la chasse. - Si mon cher, mais je préférais au fut la plume, cependant voyez, je suis là avec vous. - Pourquoi d’ailleurs avez-vous accepté mon invitation ? - Un peu d’air pensais-je ne pouvait pas m’entamer, il fallait que je quitte la propriété et puis le ciel est avec nous et vous savez comme j’aime cette jungle. Tout en parlant nous nous dirigeâmes vers la table de campagne qu’il avait fait dresser près de la tente qui protégeait les flancs de son cheval. On nous apporta un verre de vin ainsi qu’une petite collation que nous mangeâmes en discourant de choses et de temps. Lorsque nous finîmes notre collation on vint avec une belle boîte en ébène d’où Lord tira deux gros cigares. Nous bûmes ensemble encore un peu de vin, je demandais de l’armagnac, un domestique m’apporta mon verre, je trempais le purin du cigare dans l’alcool, je le lissais avec mes doigts sur toute sa longueur et je le mis en bouche. Je pris l’allumette qui servait aux cigares, j'enflammais le divin de mon manille, je tendais la flamme à D’Alhousie qui alluma le sien. Puis, on vint nous apporter les armes dans de longs coffrets fait en acajou et incrusté de métal niellé. Je déclinais cette invitation à tuer prétextant que je préférais prendre seuls mon carnet et mes couleurs au cas où je pourrai peindre la fuite du tigre que nous allions traquer. D’Alhousie avait beau en Angleterre être connu pour ses exploits équestres je me permettais de lui rappeler que le tigre ne se chassait pas à cheval mais bien en éléphant. Il acquiesça à mon étonnement et m’expliqua que l'appétit du danger ne lui fit jamais peur, et qu’au contraire, ce n’était pas un fait de chasse que de tirer à dos de cheval mais cela semblait être à ses yeux un réel fait d’arme. Il rajouta que si je voulais je pouvais le suivre en éléphant. Je lui dis que je préférais effectivement s’il me le permettait. Il fuma son cigare en souriant. Tout en fumant il fit un geste à un jeune homme habillé de blanc...
21 mars 2006

quelques poèmes...

Attendre et sa fille L’attente se pose Elle lisse ses plumes Elle caquette et plonge Sa tête disparaît dans l’eau Elle ressort de la marre Elle vient près de moi Elle se réchauffe à mon épaule Elle me parle de la loi Elle me dit qu’attendre Que le verbe est sa tendre enfant Qu’elle la laisse se conjuguer Parce qu’il faut bien qu’attendre S’amuse en attendant Attendre au passé Qui passe au présent Qui change de temps Pour que le temps Un ami du verbe passe L’hiver n’est pas sur de lui Il neige parce qu’il ne peut pas pleurer Il neige comme on cause Pour attendre Mais attendre est mélancolique Il va voir sa mère attente Il lui demande pour quoi attendre Parce que c’est toi Lui dit sa mère Alors attendre conjugue au futur Et l’attente fière la suit dans le temps En attendant ce que j’attendais Le cousin d’attendre est venu Plus vite que prévu Moi qui ne voulait pas d’attendre Qui ne voulait pas attendre Moi qui n’aimait pas l’attente Ils sont partis plus loin Et tu m’es revenu. Vers verts René Char Appeau linaire Vers laine Verres laine Vert laine Au jardin J’attends les nébus qui guident Les chapes rosées des nuages de Mai Je me veux à apprécier l’air Qui les bercent et susurrent aux bosquets. Les nouveaux rayons méfiants du sommeil. Quittent leurs repos aux près des astres Roussissent comme le four Dans la température connue du jardin, tiédisse encore la petite ombre du bois. La frivolité du déhanchement du vent balance Lentement Les petites corolles apprêtées Du muguet qui se met à tinter Et les animaux dans leurs ébats Se vernissent de n’être que des bêtes Pour que le seul toit qui leur échoit Sa la couverture que veut bien prêter la lune. Ah le début de la tendre nuit, nuit d’ivresse simple fugue Plus loin, un oiseaux facétieux Imite pour que l’on s’y prenne Pour tromper l’absence de cri Le brahme d’un cerf caché. Dans la rêverie que les lignes apposes Perdu dans l’éclat de la belle pensée Je me berce du va et viens, du - Va ! - Viens ! Du tutoiement de la nature Mais au bois, l’auguste frisson Rafraîchit de là bas, de son souffle, les roses trémières De la treille au boqueteau Il chantonne et s’en va. La nuit, ce noir que connaît le monde Qui appel souvent au repos Ce soir ne veut tarder Impatient de me faire rêver
21 mars 2006

receuil de phrases

Pungere 1. Les coureurs en moto cross briquent leurs engins, ils seront vite salent, mais cela tient du psychologique. 2. La religion et la nationalit� sont les pires choses que les hommes est pu inventer 3. On devrait toujours choisir ces amis en fonctions de leurs go�ts pour les yaourts aux fruits. 4. Si j�aimais les olives : je ne serais pas le m�me. 5. Le papa mobile ressemble � une voiture de safari. 6. OSER sur L�Ozon. 7. Un jour, je serai sur la file de gauche. 8. Bient�t les mannequins ne souriront plus pour que le public puisse mieux faire son transfert. 9. J�aime masser quelqu�un qui chante. 10. Le soir, les ouvriers de panidor rentrent avec leurs braguettes./ Le soir, les ouvriers de Panidor rentrent avec leurs baguettes. 11. Les enfants ne craignent pas les jeux de guerre. 12. Y a-t-il plus grande jouissance que d�f�quer en �coutant la javanaise. 13. La t�l� poubelle est l�un des 4 cavaliers de l�apocalypse. 14. Faire la vaisselle calme le narcissisme. 15. Peiner devant l�automate jaune. 16. La conscience du temps qui passe, c�est comment ma pelouse pousse. 17. Les jeunes jardiniers de nos jours ont commenc� par faire pousser de l�herbe. 18. Il y a des musiques qui me baffe la gueule, et d�autres qui me cognent l��me. 19. Dans certaines positions, dans certains lieux et avec certaines personnes, je me sens bien. 20. Le jour o� je serai c�l�bre il faudra que je cache mes crottes aux paparazzis. 21. J�ai approch� la perfection, truite saumon�e, faisselle, cigarette, les tontons flingueurs. 22. L�amour ce n�est pas faire l�amour avec l�autre, mais avec soi. 23. L�art est la marche pied qui nous permettra d�acc�der � l�intelligence pleine. 24. Les jeunes filles d�Urumqi r�ve de Brad Pitt. 25. C�est la peur de la douleur pr�c�dant la mort qui nous brise.
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21 mars 2006

1 er chapitre de mon second roman possessio.

Un J’ai fait l’amour toute la nuit, on peut jouir, et même seul. N’allez pas croire ce qui n’est pas, j’ai regardé le bœuf écorché de Rembrandt , le joli bœuf écorché. Je le connais, c’est mon partenaire de ce mois. Chaque mois, je choisis au hasard. Je parcours mon livre de peinture favori, je le frôle en disant mentalement un nom involontaire, de une à plusieurs lettres, je le feuillette, j’épelle, et je tombe comme ça, par chance dans l’accident qui ne porte pas sa raison. J’ai tellement souvent regardé, lu, apprécié mon livre que certaines pages sont plus marquées que d’autres. Elles retiennent mon pouce, ce sont des plaies minuscules, qui s’accrochent à mes doigts, à mes ongles. J’ai connu Soutine, c’était au mois de juin, nous sommes en juillet, je suis tombé en émerveillement et un peu sans le vouloir sur Rembrandt. Une lettre les sépare, le rouge les sépare. Je suis bien avec Remb, il ne me cause pas de tourments, il reste là, ils sont deux… Le lundi, je me laisse enseigner par les deux philosophes en conversation . Le mardi c’est Remb au sabre flamboyant , c’est la précision de la gravure. Le mercredi c’est l’autoportrait en costume oriental . Le jeudi c’est la leçon d’anatomie de Nicolaes Tulp . Le vendredi c’est la ronde de nuit et le barbu laid tout à droite qui tape sur un tambour . Le samedi c’est la fuite en Égypte et ce laborieux petit âne . Et ce dimanche ? Le dimanche rien, je suis comme tout le monde, le dimanche est le jour de mon repos. Personne ne me comprend, personne ne m’écoute, et puis d’une certaine façon je ne vois jamais personne. J’aime la solitude, et mes peintures aiment que j’apprécie cette solitude. Nous sommes tous et toutes ensemble, je varie ma découverte en fonction des saisons, je passe des maîtres italiens aux impressionnistes belges. Je passe de l’ombre, à la lumière, je reste seul avec elles, dans ce grand appartement. J’ai fait des copies des plus belles toiles, c’est comme des sortes de photographies, rien de vrai avec ça, cependant je les aient, mes préférées en plus grand, collés aux murs, comme un plombier zingueur aurait épinglé une femme nue dans son atelier, comme un notable aurait caché sous ses documents importants des photos de femmes dénudées. Ma vie ne vaut rien sans cette ultime extase que peut provoquer l’art. Mon univers s’est élever autour de cette relation particulière entre mes toiles et ma personne. Oh, je n’en possède pas, je laisse cela à ceux que je pille. Je n’ose pas les détenir, je n’ose pas être leur prince, c’est à elles de vivre sans que pour autant je n’interfère personnellement. Je passe mon existence à écumer les galeries, je voyage souvent, je change de villes, je me déplace toujours, c’est propice à ma manie singulière. J’ai un superbe trois cents mètres carrés en plein centre de Genève. Mes parents, ma famille, une ancienne concession, des actions qu’ils n’ont fait que croître, on fait que je vis largement, que je peux me permettre d’être selon mon désir une sorte de monarque, un être décalé et changeant. Je porte une fois mes vêtements, je les jette après qu’ils aient servis, je les commendes sur mesure chez un tailleur italien. Il dit de moi que je suis un de ces meilleurs clients, il le dit au téléphone, parce que je ne vais plus dans sa boutique depuis de nombreuses années. Je n’y suis allé qu’une fois, en dix-neuf cents soixante quinze, je suis resté une heure, je n’ai pas voulu m’attarder. Il a pris mes mesures, elles sont inchangées. Je n’enlève jamais mes vestons, de l’hiver à l’été c’est immuable, invariablement cette même couleur, bleu de Prusse, toujours la même coupe, les mêmes coutures en pointillées, la même petite signature au-dessus de la poche intérieur gauche, et cette poche secrète, plus bas, à l’emplacement de l’endroit que préfèrent les stylos, cette poche large qui me permet d’emmener mon agenda. Un agenda particulier, fait lui aussi sur mesure, une sorte de relique où je note ce qui m’attendrie, ou les jours sont entourés comme des dates, avec le nombre des rencontres qui me permirent de séduire, avec les anecdotes de mes jouissances, les lieux volés, les personnes que je dus tromper, les stratagèmes, et trois codes : A pour absolu, M Milieu, D détestable. Dans ma forme de vie je suis une espèce de Dieu, toujours en quête de l’inédit, du geste, de la précision, du géni qui sans fin m’affole. De ma famille, il ne reste qu’une tante, une tante très jolie, une tante stricte, élevé chez les sœurs. Une tante qui ne me voit plus, une tante que je ne vois pas. Je n’ai avec les gens que je rencontre que des relations, faussées, je joue une sorte de rôle qui me permet de leur plaire, qui me sert à entrer dans leurs « intime ». À part cela, je ne croise quiconque, ou plus tôt, je croise, mais je suis froid, distant, timide, et si je souris, c’est par pure civilité, mais sans porter plus d’attention que cela. Je suis une ombre ! Paris : note d’hôtel, sept complets livrés. Caleçons dans poches hermétiques étiquetées, nom des lots écrits avec encre perle de lune. Lit intacte, murs abîmés, punaisés. J’aime les punaises, elles tiennent mieux que de la colle. Quand je pars en voyage, donc souvent. Je n’emporte aucun vêtement. Je préviens en avance mon tailleur, il envoie mes costumes a mon secrétaire qui me les fait parvenir au lieu que je lui indique. Tout cela ne pourrait pas être possible si je n’étais pas secondé… Travail avec moi : Un jeune homme, trentaine, suisse lui aussi, célibataire. Je souhaiterais qu’il soit castré, comme les eunuques des empereurs chinois, ou comme une vulgaire chatte domestique je ne lui en ai jamais parlé, je pense que je ne le ferai jamais. Il est mon seul contact direct avec le monde. Il fait ce que je lui ordonne de faire. Il ne pose pas de questions. Il n’a de cesse dans son office que de me servir. Je ne sais pas s’il est heureux, mais mon genre de trouble m’interdit de ne pas être assister. Il prend des décisions à ma place, il me suit ou m’aide à distance, il n’est en rien important pour moi, il ne fait que son job, je ne lui demande rien d’autre, je ne sais pas d’où il vient, je ne sais pas qu’elle fut sa vie, et je n’ai aucune envie de le savoir. Lit vierge, parce que je dors au sol, comme dans trois figures dans une pièce de F Bacon , je fais de même. Toute ma vie n’est que copie, il n’y a que pour mon bonheur plus physique que je cherche à me faire surprendre. Il faut qu’arrivé dans un lieu, chez ces personnes que je me dis vouloir connaître… Il faut que je sois seul. Solitaire, dix ou quinze minutes. Seul devant la toile, pour que je puisse baiser l’admirable. Amour avec tout son tremblement, amour hygiénique étrange, mais jouissance supérieurement sublime ! Mieux qu’à deux ! Mieux qu’à trois ! Mieux que seul ! Mieux qu’avec soi-même quand on s’aime infiniment. Je vis seul, toujours seul, personne ne pourrait me comprendre, ou partager mon délire, mon enivrante démence pour la matière et le génie. Je fume, vous l’ais-je dit ? Vous ais-je expliqué comment ?. Je fume. Je tire la cigarette de son paquet, toujours même cigarette, et toujours même marque. Je les achète à l’étranger depuis plus de vingt ans. Je tire la cigarette, je la regarde, je la tasse, toujours deux doigts, toujours, et puis je la regarde encore, j’enlève le filtre, je le découpe proprement en suivant la ligne de la collure, je retourne la cigarette, et je l’allume à l’envers. Je ne me crois pas malade, la maladie, c’est la souffrance, la pauvreté, ou le commun ont fait qu’elle est une gêne, mais la richesse dans mon cas va de pair avec la névrose. J’assume tout à fait ma vie. Je ne me crois pas forcément heureux, mais la vie est longue. Et-on forcé d’être à jamais heureux ?
21 mars 2006

lettre envoyé à mon éditeur monsieur Grimard

Mon cher Perrin le 20 03 06 Pardon pour mon outrancière tenue, pour cette prétention qui semble me caractériser et qui n’est que l’exact pouvoir d’un doute permanent, d’une indécision face au ressort du hasard et de l’incertain. Ce qui m’a plu en toi, ce fut sans doute le genre de détail que personne n’aurait pu entendre, c’est simplement qu’à l’annonce de t’asseoir tu ne choisis pas le coin salon, mais bien la table, table de bois et ses quatre chaises droites. Et tu te mis à parler un peu comme on le fait avec esprit (car le cœur n’est rien qu’un assemblage fonctionnel d’un organe prédominent pour les actes de la vie et la tenue du corps, mais il n’est en rien le principale du ressentiment). Tu paraissais être doté des rêves et pétries de ses envies qui accordent à la beauté juste, le poids qui est le sien. Tu parlais dans un futur où tu te voyais agrandir, cette maison qui est la tienne aménagée les combles, souffrir du ressac de ce vent d’automne qui rend douloureux la prise en main des rails de métal qui guideront les planches de plâtres qui cerneront la belle chambre que tu te prépares. Moi avec ma demi-jeunesse, j’étais comme je te le dis avant que vous veniez (toi et Chloé) dans un état physique déplorable, mon ventre se nouait se dénouait et me faisait souffrir abominablement. Mais comme le jeune acteur, arrivé sur les planches, ces mots s’en vont et nous laissent prêts à parler et à convenir que l’image de ce que l’on se fait des choses n’est rien en regards de ce qu’elles sont vraiment. C’est ainsi (m’étais je dis), il veut me connaître et me connaît déjà par ce qu’il a lut de ce que je lui ai fait part. Il me connaît et moi je ne sais de lui que si peu de chose, si ce n’est que tous deux avons la même passion : écrire ! Alors je me permettais de te présenter ce que je voyais en surbrillance d’une image mentale d’un projet qui pour moi fus fini dès que l’idée m’en vint. Et tu acceptas, tu m’écoutas, et déjà la politesse qui aurait dû être mienne s’en fut à la profondeur de mon moi. Et les lettres faisaient des mots, et les mots des phrases et ses phrases un monologue. En vérité si je crois savoir ce que je mérite. Suis-je naïf de penser que le travail sincère et soutenu apporte sa manne qu’est la réussite. En vérité ce que peu de gens savent c’est que je ne suis sure de rien et que je mets si haut le fait d’écrire que parfois je m’use en songeant que les retombées ne sont que personnelles ou comme sur les vidéogrammes « à usage strictement privé ». Mais le fait que tu te proposes de me publier me rends déjà éternel et me prouve enfin que jamais il ne fallut que je baisse les bras. Certes cette publication ne me fera pas vivre, mais comme je te le disais l’autre jour, je consens à prendre le temps pour réussir pas à pas toutes les étapes qui mènent au statut d’écrivain. Et si cette publication est comme je te le rappelais anecdotique, elle est néanmoins bien heureuse. Alors mon cher Perrin travaillons de concert. Beaucoup de labeurs sont en routes, toi, qui veut faire de ce rêve qu’est vermifuge la maison d’édition te permettant de pouvoir publier à la manière d’un galiériste de province ce qui t’appelle. Et moi, jeune écrivain anonyme, père de deux romans, en passe de devenir peut être celui qui ne doute plus. Amitiés ben barry
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