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littératurisme
21 mars 2006

3 eme roman

Chapitre 3 Elle dormit toute l’après midi. Elle dormit comme elle n’avait pas l’habitude de le faire. Elle dormit pour oublier, pour effacer ce que fut sa vie, sa vie depuis la mort de Drew.. Anna paraissa dans les couvertures, elle les ramena pour qu’elle touche son cou, elle ramena, les tira comme quand il fait froid, quant on croit que le tissu protège, quant on se laisse animer par l’envie d’être douillettement prise par la chaleur de la laine. Anna, ferma les yeux, elle se rappela la promenade, la promenade l’accompagna jusqu'à ce que le souffle change, jusqu'à la respiration calme, calme et lente après la veille, quand on est loin, quant on dort. Elle rêva de ce futur, pas un futur rose bonbon, un futur d’enfant, mais un futur de femme, de femme qui espérait le changement. Anna ne voulait pas tout bouleverser dans sa vie, mais elle voulait le changement, pas le changement qui détruit pour reconstruire, mais le changement qui accompagne la base de la vie. Anna était loin, elle était à la terrasse d’un café, elle était à Paris. C’était un café, ce devait être le café des artistes. Elle était heureuse dans ce rêve, heureuse parce qu’elle était jeune, heureuse parce que même si elle ne connaissait pas le lieu où elle se trouvait, elle avait l’impression, comme si le conscient régissait l’inconscience, elle avait l’impression que le café était dans sa toute vraisemblance, que les vêtements des personnes présentes, que le décor, que les voix, que tout était plausible. C’était un lieu agréable, où des tables, de longues tables étaient accolées, c’était un endroit où les hommes se retrouvaient, où on parlaient poésie, où l’on contraignaient les mots jusqu'à leur donner cette folle présence jusqu'à les casser pour que le sens deviennent concis et tranchant, dans le but de toucher l’auditoire, de le toucher et de lui parler. Anna attendait un peu en retrait, elle écoutait ce que les gens disaient, elle remarquait la coquetterie de certains boutons, elle observait le jeu des auriculaires qui se lèvent et les tasses qui viennent aux lèvres. Ils parlaient tous autour d’un jeune homme au regard triste, et quant celui-ci parlait, c’était comme si des fleurs sortaient de sa bouche, il avait le don d’encenser la phrase, et il semblait que tout ce qui vint de lui se changea en or. Anna regardait le jeune homme, pensait à ses cheveux ébouriffés, pensait à ce que pouvait avoir fait un tel regard. Anna restait la à boire dans un petit verre une liqueur liquoreuse, a tenir de son autre bras un petit sac de toile chamarré. Elle était en retrait, mais les rêves ne permettent que l’on s’en rend maître que dans certaines conditions, et le temps absolu où elle pus y vivre selon son vouloir était passé. À présent, elle était là, ne pouvait plus rien faire, elle était comme figé, comme un marbre posé, poli pour lui donné la forme d’une femme, un marbre comme une pierre, une pierre sans possible mouvement, l’arrêt photographique du minéral. Elle ne pouvait plus se mouvoir, elle ne pouvait plus même faire le plus auguste des mouvements, elle ne pouvait plus faire, et elle qui aurait aimer dans ce rêve (parce qu’aimer l’image d’un rêve c’est néanmoins être fidèle à celui qu’on laisse au dehors de la barrière qu’est le songe). Elle qui aurait voulu tenir dans ses bras le jeune homme triste, elle qui aurait aimer lui parler comme une mère, en pensant que la jeunesse se doit aux caresses, que la jeunesse est l’âge le plus ingrat de la vie, que la jeunesse, c’est la découverte des bleues et des ecchymoses et que l’on est pas toujours près à découvrir seul ce qui régit l’homme est le monde. Mais elle ne pouvait plus bouger, alors elle rêvait, elle rêvait dans le rêve. Elle sur-rêvait, elle rêvait de rêver qu’elle était dans ce même café, mais qu’elle pouvait bouger, et qu’elle prenait dans ses bras ce jeune homme habillé de noir. Anna avançait entre les tables, comme une ombre, elle traversait les corps, elle prenait le jeune noir dans ses bras, ce n’était plus un jeune homme, elle regardait l’escalier, elle montait l’escalier, elle comptait les marches. Il n’était plus jeune, elle non plus d’ailleurs, il n’était plus environné d’autres personnes, il regardait dans le vague, il était toujours triste, il était dans cette chambre, une chambre haute, au plafond bas, une mansarde sans confort, au dernier étage du café. Anna s’approcha de lui, elle le prit contre elle, elle lui caressa les cheveux, ses cheveux droits, plus ébouriffés comme avant moins sauvage, presque plaqués. Elle lui parla, puis redevint statue, elle devint pierre et se réveilla. Il devait être minuit, la pluie tombait ardemment, elle se prenait au jeu de mouiller tout ce qu’Anna voyait par la fenêtre, elle noyait les petites rigoles du jardin, elle transformait le sol et des petits puits d’eau s’accrochaient aux endroits où Anna avait planté des tuteurs. Anna redescendit, elle avait dormit toute l’après midi, avait prolongé son rêve jusqu’au milieu de la nuit. Elle descendit pensant que son chat s’était endormit près du fourneau, elle redescendit sachant que le sommeil reviendrait, mais qu’il fallait qu’il se repose pour revenir la prendre et peut être continuer ce rêve, et pour savoir comment se nommai le jeune homme noire. La clarté du foyer, qui perçait par l’ouverture du haut du fourneau, formait une auréole pale que nourrissait le feu. La cuisine était bercée par la paix. Au loin, on entendait les grondements d’un orage, mais plus loin, au-delà de la forêt, là où commencent la vraie montagne. Anna prit une bûchette, elle ouvrit avec le petit pieu de métal le rond de la cuisinière, une flamme attisée par l’adustion de l’air monta jusqu'à mi hauteur. Elle déposa une bûchette, elle fit chauffer de l’eau, sur la cuisinière en fonte, attendit qu’elle soit chaude. Elle prit la bouilloire, elle versa de l’eau chaude sur un peu de sucre et bu sa tasse d’un trait. L’eau lui brûla le palais. Le chat quant à lui dormait paisiblement près des rideaux de la salle, dans l’environnement des meubles. Il étendait ses pattes dans un demi sommeil, sortait ses griffes, miaulait légèrement puis somnolait plus fermement. Anna remonta se coucher, mais elle ne pus pas dormir, elle n’était pas habituée à tant de sommeil. C’était comme si le sommeil fatigué lui aussi avait donné le lot d’heures qu’Anna pouvait supporter, c’était comme si pour la préserver, il ne voulait plus qu’elle dort. Anna essaya de lire, mais elle n’y arriva pas. Elle décida de ranger ses affaires, de le faire en attente du sommeil, en imaginant, que bien vite, elle sera fatiguée, que ses yeux papillonneraient, qu’elle se mettrait sur son lit, et que sans attendre, elle retournerait parler avec l’homme. Anna ouvrit d’abord le placard des linges, elle regarda la minutie du travail, la qualité du point, elle remarqua aussi les belles lettres lacées de la nappe que sa mère avait brodé. Elle pensa à sa mère, elle se rappela les fêtes ou sur cette même nappe, tous les amis attablés buvaient, insouciant de la vie, insouciants et heureux. Elle se rappela la tarte aux pommes, les assiettes blanches, les verres nets, les fourchettes qui se lance dans l’attaque de la tarte, les bouchées qui s’immobilisent dans la conversation. Elle revoyait la bouteille posée sur la table, elle se rappelait les goûts de chacun, les conversations lassantes, qui ne le sont plus quand chacun retourne chez soi. Elle avançait, se disait qu’elle allait faire du tri, se reprit à penser en se disant que tel linge ferait tel torchon, en pensant que tel vêtement pourrait être raccommodé. Anna fouillait dans ses vêtements, s’arrêtait, sortait une robe, une veste, l’essayait tristement devant le miroir, en songeant qu’elle ne pouvait plus entrer dans ce vêtement. Et y songer, c’était se dire que le corps n’est plus pareil, et s’il n’est plus pareil c’est parce que l’on vieillit. Anna fouilla quelque temps, elle ouvrit les boîtes, essaya d’autres chapeaux. Chaque vêtement était propice à l’évasion, à quitter la chambre, a entrer dans le souvenir, comme si on poussait une porte, et que derrière, il y avait rangé dans ce grand champ, tous les événements important d’une vie. Anna sortit, déballa, remballa, choisis, songea à s’offrir de nouvelles robes, pensa que son maris ne la conseillait guère. Et comme si tout ce passé l’avait éreinté, une fois après avoir tout remis en ordre, elle se posa sur le lit, elle pensa que faire pour changer sa vie, elle le pensa et retomba dans le sommeil, elle repartit au près du jeune homme. Elle essaya de lui parler, mais face à elle, ce n’était plus le jeune homme, mais c’était elle. Elle était jeune, elle avait le regard triste, elle était elle dans le rêve, elle de maintenant, elle a la coiffe grise, face à ce elle d’antan. Elle restait, à attendre qu’elle ce change en jeune homme, en un jeune homme triste, aux yeux profonds. Elle dormit tout son lot, toute la nuit dans son songe, elle attendit que sa représentation se change en ce jeune homme qu’elle espérait, mais il n’en fut rien. Elle resta le temps de la nuit au-près d’elle, sans trop se poser de questions. Elle dormit longuement, plus qu’a l’accoutumé, comme si elle rattrapait toutes les heures de la vie ou elle voulut dormir, ou elle ne pu le faire. Elle dormit, jusqu’au matin, elle rêva face à elle, elle attendit l’homme. Au matin, elle descendit au jardin. Il n’y avait pas grand-chose à faire, mais sans savoir, elle avait besoin d’y retourner. Le jardin, c’était comme la forêt, cette forêt où elle aimait aller se promener, ce lieu ou elle se ressourçait. Le potager, la verrière, c’était des forêts en plus petit, des microsomes semblables, plein de vie et d’accord. Elle marcha entre les ramures montantes et mortes des tomates , elle regarda le jardin dans tout son étendu. Elle s’approcha des plants de tomates, et là ou la terre avait laisser l’espace important a son aération, et ou se formaient des canaux gorgées, elle plongea sa main dans la terre. Elle la laissa dans l’eau boueuse. C’était comme quant elle était enfant, c’était l’heure des cochons, le jour sans école, le jour ou l’on peut se salir. C’était quant elle savait qu’elle pourrait faire semblant et tomber dans la boue, tomber et patauger sans que personne n’ai quelque chose à redire. C’était ses jours plus bénis que d’autres jours, et ces flaques, ces flaques longues et plates qui reflétaient les visages, et qui ressemblaient aux formes, aux mêmes formes que l’on peut tirer des nuages. C’était prendre de l’élan et dans sa course éclabousser les alentours de la flaque. C’était se mettre à l’abri de la grange, les cheveux mouillés, la robe mouillée et regarder les gouttes qui tombent, avec en souvenir ce jour ou son père, moqueur et complice lui dit de passer au travers. C’était imaginer qu’elle passait au travers, mais c’était penser à son jeune âge qu’elle était plus forte que la nature, et si elle ne le pensait pas, c’était un de ses moments, un de ces instants ou l’on sent que l’on touche à l’admirable d’un raisonnement, mais qu’il manque la petite pièce qui nous permettrait de l’exprimer. Anna restait la main en terre, son chat sortit par la chatière, il se laîcha les babines, s’étendit de toute sa longueur, tourna légèrement la tête et rentra. Anna resta seule, quelques minutes encore, elle regarda le jardin, elle se dit qu’au printemps elle aurait beaucoup de travail, elle pensa que dans un mois se serait la venue au monde du sauveur. Elle se dit qu’il devrait être appelé autrement, elle se le dit, mais le garda au fond d’elle de peur que dieu s’il existait ne l’entende et ne lui envoi je ne sais quelle chose pour essayer de la tenter. Anna regardait toujours le jardin, il faisait froid, plus froid que les autres jours. C’était bien l’hiver, et selon elle, il faudrait peu pour que la neige tombe. Elle tressailli de tout son corps, un filet de vent vicieux venait de passer outre son écharpe et l’avait piqué, comme une brûlure, quand la chaleur ne permet pas de dire si l’on est glacer ou brûler. Anna remit son écharpe, pour que plus rien ne puisse la tirer de son plaisir. Elle contemplait avec amour son jardin, dans ses yeux, le respect de la nature, de la nature sous toute ses formes. Elle sortit sa main de terre, alla en direction de la verrière, elle sortit trois pots, repiqua des plants de fleurs, mis de la paille autour pour les protéger du froid, elle regarda toutes les merveilles de sa serre, et vérifia en parlant à haute voix que les fleurs et les légumes se sentaient bien, puis elle partit à la maison. La pluie forcissait, le vent lançait les petits plants de tomates, les bousculaient, les jetaient de droite à gauche, sans nulle honte et comme si le vent suivait la musique de Bessie Smith ; comme s’il entendait qu’Anna à présent lisait, seul dans le grand salon en écoutant Down hearted blues. Anna effectivement lisait, la lecture, quand personne ne venait la troubler était son activité favorite. Elle aurait voulu s’acheter des livres quand elle allait à Boise, mais bien souvent, elle se rendait compte de son oubli sur le chemin du retour. Elle ne lisait pas, elle relisait, en croyant que plusieurs lectures (à défaut de nouvelles), que plusieurs lectures lui feraient apparaître des petites précision cachés, qui pour elle n’apparaissait qu’en lisant et relisant sans cesse. Il pleuvait toujours, de fines gouttes se laissaient porter par les branches des arbres cuits par le froid, qui seul leur permettait de se poser, et de se retenir, avant l’amusement de la chute, et le contact du sol. La pluie pour Anna, c’était les larmes du monde, et quelquefois, voulant pleurer mais n’y arrivant pas, elle aura voulu qu’il pleuve, elle aurait aimé ce petit déluge retenu qu’est l’averse. Anna ne pleurait pas, peut être étais-ce parce que depuis l’enfance, elle ne vit jamais son père pleurer. Peut-être voulait elle lui ressembler, être fière d’être comme cet homme qu’elle aimait tant, rester femme en lui ressemblant. Anna passa toute sa matinée au salon, la pluie ne s’arrêta que vers les cinq heures de l’après midi. À l’heure ou il commençait à faire sombre, à l’heure ou il arriva. Une ombre sombre étendait sa taille contre le panneau du motel. Anna descendit, alerte vers le bureau des admissions. L’homme, (Anna ne pouvait lui donner d’âge), était grand, il devait mesurer un mètre quatre-vingt, peu être un peu moins. Il avait une stature indécise, il faisait nuit, mais Anna cru distinguer un visage carré, un long cou. Il attendait près du bureau, un chapeau mou sur la tête, son sac dans ses bras. Un large sac de cuir, qui devait contenir ses affaires de voyages. Anna ne vit pas d’automobile, elle en conclu qu’il avait dû venir à pied, ce qui expliquait pourquoi il était trempé comme une soupe. C’est Anna qui lui parla en premier. - Voulez-vous une chambre ? - Oui. - C’est que vous avez de la chance il y a peu de personnes à cette saison, aux autres d’ailleurs. - J’ai eu du mal à venir jusqu’ici. - Avez-vous une préférence ? - Non, donnez moi celle que vous voulez. - Bien, chambre… deux. Cela vous va-t-il ? - Oui, parfait. - Voulez-vous dîner ? - Oui, merci. - Vous viendrez à la maison, comme je vous le disais, si peu de personnes viennent, ce n’est pas comme avant, vous viendrez manger à la maison, se sera plus commode. - A quelle heure ? - Je pensais manger comme a mon habitude vers dix-neuf heures. - Cela me convient parfaitement. - Bien, puis-je prendre votre nom. - Pour ? - Pour le livre des entrées, j’ai mes habitudes. - Oh, oui, bien sure. Je me nome Nicolas Dufal - Bien, monsieur Dufal, je vous attends chez moi à Dix-neuf heures. - A tout à l’heure alors. Nicolas entra dans la chambre numéros deux pendant qu’Anna, toute heureuse rentra chez elle préparer le dîner. C’était le premier client qui s’arrêtait ici depuis de longs mois, et pour lui, pour le motel, elle voulait que le service soit le plus parfait qui soit. Elle fit grand cas de la décoration de la table, elle mit une belle nappe blanche, elle sortit ses beaux couverts, et disposa les assiettes, les couteaux et les fourchettes avec une totale maîtrise des lois de la symétrie banale. Elle mit sa viande au four, elle coupa un petit oignon, elle fit la sauce de la salade, elle coupa le pain, elle le mit dans une petite panière. Elle sortit le dessous-de-plat canné, elle le mit au centre de la table. Elle alla à la cave, remplit un pichet de vin, sortit deux beaux verres, qu’elle mit au centre et face aux deux assiettes. Nicolas en attendant, entré dans sa chambre, mit son lourd sac sur la chaise, face au lit, il sortit un à un tous ses vêtements, il prit une douche, il changea ses affaires, et sortit sous le porche. La nuit baignait le motel, toujours et seul, le panneau grésillait. Il illuminait ce que ses ampoules permettaient, éclairait comme un petit insecte comme l’aurait fait une petite luciole. Le temps s’améliorait, Anna savait bien que si les pluies étaient fortes à cette époque, elles ne duraient guère que quelques heures. Anna savait bien que demain, d’après ses prévisions, il ferait beau. A dix-neuf heures, L’homme sonna à la porte. Anna vint lui ouvrir, elle l’accompagna dans la cuisine. Il se plaça face à elle. Ils commencèrent à souper. Ils ne parlèrent que peu, d’ailleurs ils ne parlèrent presque pas, ils mangèrent en silence. Anna lui servit du vin, il reprit deux fois de la viande. Il la complimenta, puis, prétextant la fatigue, il rentra dans sa chambre, laissant Anna seul.
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